Pose système Cavelink aux Fées / Acte 2

20 Juin 2015

Une semaine après la première descente aux Follatons pour acheminer la majeure partie du matériel, nous nous orientons vers une seconde journée d’expédition pour la fixation de la fameuse sonde et les premiers tests souterrains.

Le rendez-vous étant fixé à 08h30 avec l’équipe Bodegamu pour des réglages de coordination, nous avons fixé notre propre rendez-vous en avance, de sorte à pouvoir rapidement descendre sans être trop pressés par le temps. Car le chemin jusqu’au pont de singe est long ! On estime la sortie à plus de 12heures, ce qui représente un défi sportif en soi et les dangers seront nombreux, d’autant plus que nous n’y allons pas en simples visiteurs pour une fois, mais bien en expédition organisée avec le but de poser le fameux CaveLink dans la galerie Glaisine.

Notre groupe est composé d’Alex, un spéléologue espagnol du club de Genève venu donner un coup de main, et de Miguel, venu poser des crevettes à la recherche de Nyphargus, en plus de Sébo la spéléo et des jeunes motivés (Yves, Chloé et moi-même). Même si Séb semble quelque peu anxieux, la préparation a été faite consciencieusement et nous pouvons rapidement nous mettre en chemin.

Lors de notre descente, un premier arrêt sera obligatoire suite à la vision peu rassurante d’une corde usée à la suite du boyau des aveugles. Un nœud sera fait sur la corde de façon à ne pas trop retarder l’expédition alors que le deuxième groupe nous rejoint. Il sera donc intéressant de changer cette corde à l’occasion, tout en envisageant un amarrage différent de celui en place actuellement.

Une fois en bas des puits et après avoir rampé le Graal, Alex se plaint de ne pas avoir de kit à transporter, mais le groupe lui répond en souriant de ne pas s’inquiéter : l’ogive accompagnée du matériel de fixation l’attend au pied de la salle du col. Autant garder des forces !

Arrive la salle du col et les premiers pas dans l’inconnu pour les trois joyeux lurons qui s’étaient « contentés » d’escalader la salle lors d’une précédente expédition. On redescend donc vers du neuf, du vide et surtout du très peu fréquenté. La différence avec l’entrée conventionnelle des fées est frappante : dans un décor similaire, la galerie semble intacte et la grotte est bien mieux préservée. On profite du coup d’œil sans perdre trop de temps, les secondes étant aussi précieuses que les batteries et la nourriture lors d’une grosse expédition comme celle-ci.

Viennent les embranchements des différents départs tandis que je tente de me situer sur la topographie maintes fois observée au club. Le départ de la galerie Clochette est repéré facilement par Séb, qui nous signale au passage que nous sommes passés devant la galerie Secrète sans s’en apercevoir, d’où son nom qui nous parait dès lors beaucoup plus évident.

Au panneau kilométrique quatre, Séb nous avoue ses premières hésitations. Eh oui, même préparé sur le plan technique, matériel et personnel, personne n’avait envisagé que Séb aurait des doutes sur le chemin à emprunter. Comment lui en vouloir ? Suivre quelqu’un comme Pierre, avec qui tout parait si simple, tout en portant un kit de câble sur le dos, n’aide pas à l’orientation dans un secteur relativement peu fréquenté.

Nous continuons notre chemin, avant de tomber sur un lac. Le passage sur le bord semble peu attrayant et nous n’avions pas exactement envisagé de nous mouiller les pieds. Nous tentons de passer sur le côté, mais sans que la suite ne semble plus accueillante. Séb, découragé et légèrement honteux nous avoue qu’il ne s’y retrouve plus. Nous tentons un retour à la bifurcation où les doutes ont commencé, près du kilomètre quatre, pour prendre la galerie partant vers le Nord. Bien qu’appelé à la rescousse, je peine également à me situer sur le plan. Heureusement, une topographie miniature fait partie du matériel pré-imprimé fourni par Franklin pour le sondes et nous commençons à observer le minuscule trait rouge devant nous situer. Parti observer les différents embranchements presque invisibles, Yves découvre un éboulis qui semble mener nulle part sur la gauche puis, plus loin et au détour d’une salle plus grande, un puits. Il nous le signale et nous retournons au kilomètre quatre, où nous empruntons une galerie basse qui semble contraster avec le sentiment de galeries larges qu’avait Séb de sa précédente visite.

Au bout de cette galerie, nous trouvons également un puits, avec de curieuses concrétions au sol. Et il ne me faut pas plus de quelques secondes pour vérifier mon pressenti : nous venons de faire une boucle. Tandis que je retourne regarder le départ glaiseux constaté quelques mètres avant le puits, Yves identifie la boucle de la galerie Mélusine sur la topo et me le signale. Tout s’imbrique alors rapidement, à un détail près : le départ glaiseux continue dans la réalité et n’est pas topographié.

Après avoir convaincu le groupe de continuer, ou au moins de retourner jusqu’au lac rencontré plus loin (le moral est au plus bas), les frères Bullot proposent d’aller se mouiller les pieds pour ne pas regretter d’avoir manqué l’objectif pour 50 mètres.

Retour au lac donc. On prend un kit avec nous et on se lance dans l’eau gelée sans trop d’hésitations. S’ensuit une galerie de plus en plus labyrinthique. Les départs sont nombreux et se ressemblent énormément. Suivant un sens de l’orientation développé depuis un jeune âge, nous maintenons cependant le cap présumé de la galerie selon la mini-topo observée précédemment. Et, après une flaque traversée sans trop y croire, c’est le soulagement : le pont de singe est là. Il s’agit à présent de retrouver le parcours inverse et d’amener tout le monde sur place. Ce qui va impliquer de motiver le groupe à se mouiller les pieds.

Sur le chemin du retour, nous croisons cependant Chloé et Séb au plafond de la galerie, hors d’atteinte. Chloé a en effet trouvé un passage au sec en contournant l’éboulis croisé lors de notre premier passage. Une fois le groupe réuni, nous empruntons donc cette voie, puis un petit passage coincé qui nous permet de descendre. Séb préfèrerait continuer dans la galerie large, mais cet itinéraire ne nous parait que plus incertain : la voie labyrinthique a prouvé qu’elle se rend au pont de singe, autant l’emprunter.

Une fois sur place, le moral remonte en flèche. Le but est enfin atteint. Chacun se met au travail sous les consignes précises de Séb, après s’être changé pour ceux qui le peuvent et avoir enfilé une couche supplémentaire pour faire face au souffle faible mais glacial de la galerie. On branche la sonde, l’ogive, les câbles et vient le moment du test. Séb envoie le message test au Millepates tandis que nous fixons les plaques servant d’antenne. Puis dans un vacarme déplacé, nous entendons du morse. Trois lettres.

S

M

S

Séb ouvre le menu, et lit « Reçu 5/5 ». Nous venons d’envoyer un sms sous terre ! Très heureux et ragaillardis, nous finissons les différentes fixations et assurons l’étanchéité de l’appareillage. Nous aurons passé près d’une heure et demie à monter le tout, tout en restant dans le courant d’air. Nous décidons donc d’aller manger plus loin, dans une zone abritée et après avoir marché un peu pour nous réchauffer. Le dîner tardif est très apprécié et la purée chaude une vraie bénédiction.

Le retour se fait sur un autre rythme. Nous connaissons notre chemin et les kits sont bien moins lourds, même si la perspective de remonter les puits n’est pas des plus enthousiasmante.

Nous le ferons néanmoins, non sans constater que le nouveau nœud présent ne facilite pas la remontée. Une consommation en compagnie du Millepatte sera dégustée à minuit au pub et nous partirons, nos corps fatigués sentant l’appel du lit douillet.

Remontant les Follatons en dernier, j’ai eu tout le loisir d’observer la nuit qui se refermait derrière nous. La grotte reprend ses droits alors que nous nous en allons dans une explosion de lumière. Des moments particuliers qui me font apprécier ce monde unique et fascinant. Vive la spéléo !

Marc

Note : Après être ressorti, nous nous sommes malheureusement aperçus que la station de Glaisine ne fonctionne plus. Elle attend toujours notre visite, afin de retirer les scotchs des plaques et visser les antennes, en espérant que le problème ne vienne pas du CaveLink lui même…

 

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